v
  • Cytise des Alpes, Laburnum alpinum Presl. Cliché : Thomassin Philippe, Roudoule écomusée en terre gavotte.
    Cytise des Alpes, Laburnum alpinum Presl. Cliché : Thomassin Philippe, Roudoule écomusée en terre gavotte.

Cytise des Alpes

Botanique générale


Nom :
Cytise des Alpes
Nom latin :
Laburnum alpinum Presl.
Nom vernaculaire :
ambour (Roudoule) - ambourt (St-Etienne-de-Tinée) - ambourn (l') (Vésubie) - obour (Sauze) - ambourn (Belvédère)
Famille :
Fabacées
Cote :
BOTA-100187
Rédacteur :
Thomassin, Philippe, Roudoule, écomusée en terre gavotte
Résumé :

Le cytise, est arbre que l’on reconnaît aisément au mois de juin lorsqu’il est recouvert de grappes de fleurs jaunes. On l’emploie pour faire le tour des tamis, les dents de râteaux, des chevilles pour les charpentes ou encore des piquets mais les bergers l’utilisent surtout pour fabriquer les colliers qui soutiennent les sonnailles des ovins. On les appelle généralement cambis dans la Vésubie et chambis dans la Tinée et le Moyen et Haut-Var. Ils apprécient sa dureté et le fait qu’il soit imputrescible et qu’il ne se déforme pas contrairement au micocoulier utilisé en Provence qui : "s’écarte quand il pleut et se resserre au cou des bêtes quand il fait chaud" selon M. F. dans la Tinée.
Parfois le cambis a pu être fabriqué en châtaignier en frêne ou en noyer mais ce fut très rare.

Le berger fabrique en principe ses cambis à l’automne, lorsque le troupeau est revenu d’estive. Il recherche les arbres d’une vingtaine de centimètres de diamètre qui poussent à l’adret, car il les juge meilleur ou plus fort du fait de l’ensoleillement. Il les repère généralement en allant à la chasse ou au mois de juin lorsqu’ils sont en fleurs. Il prend soin de vérifier que l’écorce à la base du tronc ne soit pas abîmée par des chutes de pierres parfois provoquées par les troupeaux. Car selon M. F. le bois marqué repousse mal, se remplit de sève et éclate au moment de scier la planche. On coupe de préférence des morceaux droits sans nœud long de plus d’un mètre et suffisamment large pour que les cambis supportent un redoun (grosse cloche). Les plus fins sont réservés pour les picouns (petites cloche). Aujourd’hui, M. A. de Sauze  prend soin de le faire le dimanche sans tronçonneuse : "car avec toutes ses forêts communales soumises aux Eaux et Forêts", il risque une amende.

Les morceaux sont fendus à la hache afin de conserver le fil du bois. Le cœur, que M. A de Sauze, identifie comme de la moelle est enlevé car au moment du chauffage, il risque de provoquer l’éclatement du bois. Dans une section, on taille en principe deux à trois planches de 9 à 10 mm que l’on rectifie à la plane tout en prenant soin de suivre les veines.

M. A. passe aujourd’hui à la scierie avec le risque que les veines soient abîmées et que les planches se fendent au moment du cintrage.  Comme l’explique M. F dans la Tinée: "à la scie, tu en casses quatre mais pour le scier, il te faut trente secondes. A la hache, il te faut la journée, ou la demi- journée. Alors tu sais, il vaut mieux en casser quatre et en faire dix". La découpe est faite entre 14 mm et 15 mm d’épaisseur. Elle est suivie pour M. A. par un rabotage amincissant les planches à 12 mm. Les menuisiers refusent parfois cette opération : "parce qu'ils disent que c'est un bois tellement dur que ça leur esquinte les machines". M. F  a transformé une ancienne fendeuse à bois pour être plus rapide. La largeur des cambis est variable : de 8 à 9 cm pour les moyens, à 12 cm et plus pour les plus gros.

M. A. prend ensuite soin de les conserver enfermées dans un sac plastique et de les déposer dans une cave humide.  Les planches droites sont mises à tremper de quelques jours à quinze jours selon les interlocuteurs dans un récipient (autrefois chaudron utilisé pour les fromages, cuvier pour la lessive et aujourd’hui demi-fût métallique de 200 litres).
Après cette période, on retire les planches et on chauffe de l’eau dans le récipient. M. A. prépare les planches en ligaturant leur extrémité avec du fil de fer pour éviter leur éclatement.
On plonge les planches quand l’eau frétille, et l’on prend soin que l’ébullition ne soit pas trop forte. « L'essentiel, c'est de ne pas le faire laisser fendre dans l'eau » selon M.A. On laisse ainsi bouillir les planches une demi-heure à une heure ou plus selon les interlocuteurs.
On les retire sans s’ébouillanter et on essaie de les plier doucement sur le genou en se protégeant les mains d’un chiffon. Si la forme en "U" souhaitée est réussi le cambis est ligaturé, généralement avec du fil de fer.
M. A. a aujourd’hui inventé un gabarit qui lui permet avec l’aide de deux autres personnes de cintrer rapidement les planches. Le dispositif se compose d’un madrier sur lequel s’enfoncent des chevilles métalliques de récupération. La productivité a ainsi augmenté. Avec son père, il en faisait sept ou huit dans la soirée contre quarante dans la demi-journée aujourd’hui.
M. F a fabriqué plusieurs moules reproduisant la forme du cambis et comme M. A sa productivité a augmenté. "Le matin j’avais commencé à 7h, le temps que l’eau bouille, c’était 9h30/10h à midi, j’en avais fini, j’en avais fait 50, à peu près. Le plus long, c’est pour les attacher. Quand, ils sont pliés, il faut les attacher pour pas qu’ils reviennent". Au bout d’une quinzaine de jour les planches sont sèches et ont pris la forme. Noircies par le chauffage, elles sont exposées à la pluie pour les laver.

Mais ne croyez pas que le cambis est fini. Il faut encore faire deux trous pour le mettre le support en cuir (pountelhe dans la Vésubie) de la sonnaille et les clavettes en buis frais ou cornes pour l’ouvrir et le fermer (embournais dans la Vésubie).


Note bibliographique

GIUGE Henri Giuge, le Parler de Saint-Martin-Vésubie, dans Pays Vésubien HS n°1, St-Martin-Vésubie, 2006, p. 262.