Le village de La Croix est l’un des premiers de la vallée de la Roudoule  à bénéficier d’une fontaine-lavoir. Les Crousencs s’approvisionnaient auparavant à proximité du village au lieu dit lis maroun viei. Ceci se reproduisait parfois lorsqu’un glissement de terrain provoquait la rupture des canalisations en terre cuite, à l’image de l’hiver 1791.

« Les pluyes qui ont tombé continuellement pendant l’espace d’un mois ont occasionné un éboulement à la « Pairou» du sieur Honoré Don d’environ 4 quatre cannes en longueur et cela à l’endroit ou passe le canal ou soit l’aqueduc qui conduit l’eau à la fontaine du présent lieu, lequel éboulement a totalement dérangé le susdit canal de façon que l’eau ne peut plus venir en la susdite fontaine et les habitants de cedit lieu sont par conséquent obligés d’aller puiser l’eau qui leur est nécessaire à l’endroit dénomé « lei maroun viei» Ce qui est fort dérangeant pour les susdits habitants attendu le grand éloignement, et la glace qui se forme sur le chemin pendant la saison de l’hiver.»

La fontaine est voûtée. Une partie du chaînage de la voûte est taillée dans le tuf, de nature plus tendre, que l’on retrouve en bordure de la Roudoule. Elle est alimentée par quatre tuyaux, deux pour l’abreuvoir et deux pour le lavoir. Les bassins ont été rénovés en 1911 par un dénommé Sébastien Roux qui a immortalisé son nom dans le béton frais. Le trop plein et les eaux usées de lessive canalisés servent toujours à irriguer les jardins potagers en contrebas du village.

Malgré tout, les « crousencs » souffraient régulièrement du manque d’eau durant les périodes estivales. Dans les années 1930 deux sourciers viennent au village pour remédier au problème. Mais il faudra attendre le captage des sources de l’Ubac du Mont et du Croc et la réalisation de l’alimentation générale en eau du village en 1958 pour que tout cela devienne un lointain souvenir. L’importance de cet événement est telle, qu’il est inauguré cette année là par une plaque commémorative.