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[Lac du Rabuons - 1920]

plaque de verre


Auteur(s) :
Japhet Robert
Date :
vers 1920
Période historique :
(1919-1939) Entre-deux-guerres
Description :
Randonneurs au bord du lac de Rabuons  situé dans le massif du Mercantour, à 2 500 m d'altitude, sur la commune de Saint-Étienne-de-Tinée, dans le département des Alpes-Maritimes.
Au fond le refuge du Rabuons.*


* CESSOLE visita pour la première fois le cirque de « Rabiouns » en août 1892, l’idée naquit d’y construire un refuge comme point de départ pour les sommets environnants. En 1899, le projet se concrétise, tandis que le refuge Nice était commencé. Un membre du C.A.F.., Camille SCOFFIER et le vice président de la section, l’architecte alpiniste Léonce BROSSÉ édifièrent les plans et l’on construisit le bâtiment (début le 24 juillet 1904) ainsi qu’une écurie en pierre sèche à proximité en un peu moins d’un an (sans compter les mois d’hiver). On utilisa la pierre « du pays », le bois de mélèze (concédé gratuitement par la commune tout comme l’emplacement de la construction et ses abords) et on couvrit les 70 m² de Rubéroïd incombustible. Une cave en sous-sol, un RDC et un étage mansardé ont donc été construits au sommet d’une barre rocheuse à l’ouest du grand lac, à 2 515 m, dominant le vallon de Rabuons et ses imposantes cascades. La position isolée garantit contre les avalanches et chutes de pierres.
Le 14 juillet 1905, pour acheminer les invités à l’inauguration, des wagons avaient été réservés et des voitures attendaient en gare de la Tinée. Après un repas à Saint-Sauveur et une visite du village, on dîna à Saint-Etienne où les militaires jouaient les sérénades de la fête nationale. Deux semaines plus tard, un groupe de vingt personnes plus six guides et porteurs partit à 3 h 30 pour le mont Ténibres. À 5 heures, un autre groupe nombreux avec CESSOLE et accompagné de mulets partit pour le « chalet de Rabuons », suivi des militaires partis à 6 h 30. Entre-temps, un troisième groupe de membres de l’Automobile Club s’élançait depuis le refuge à 6 h 30 en direction du Ténibres, lieu de ralliement des Italiens du C.A.I. qui étaient partis de Pietraporzio et devaient passer par le Pas de Rabuons.
Peu avant midi, tout le monde se retrouva au refuge pour la cérémonie. La marraine était la femme de Lee BROSSÉ. On nota de l’émotion lorsque l’abbé George RAYNAUD, curé de Cantaron, fit la bénédiction. Puis on dressa deux tables (intérieur et terrasse) pour les 82 convives. Le service, sous la direction du gérant M. FAY, fut assuré par quatorze guides et porteurs de la région qui mangèrent après les autres Les autres excursionnistes - dont les ouvriers ayant participé au chantier - pique-niquèrent aux alentours. CESSOLE fit le discours traditionnel retraçant l’historique du lieu. Il remercia les membres de l’Automobile Club et du Club Nautique. L’heure des toasts ayant sonné, Edouard SAUVAGE déclarait que « dans les Alpes, l’homme se sent plus près de Dieu ». Le général GOETSCHY quant à lui, rappelait les soldats de MASSÉNA et enjoignait chacun à conserver « pieusement l’immortel souvenir », prouvant par là même les liens forts entre patriotisme et foi chrétienne. Le traditionnel registre consignant impressions et signatures fut ouvert par un P.V. d’inauguration dressé en bonne et due forme par M. ROVÉRY, notaire à Saint-Etienne, assisté du notaire MORIEZ de Nice. Tous les excursionnistes signèrent. Le programme n’était pas terminé : à 15 heures, on baptisa le Chamois avant de la lancer à l’eau, une barque à fond plat battant pavillon du Club Nautique de Nice. On l’avait acheminée à dos d’homme. Lors de cette première sortie sur le lac celui-ci est décrit non sans humour comme « une jolie petite mer ouverte désormais à la navigation ». On essaya même, mais en vain, de briser, avec sa quille avant (!), la glace qui couvrait encore un coin du lac. On admira ensuite le paysage, en baptisant quelques points vierges de ce même lac.
Quarante personnes restèrent pour la nuit. Le soir, on tira un feu d’artifice au bord de l’eau. Le lendemain, à 4 h 30, l’abbé RAYNAUD dit une messe en plein air sur un autel improvisé garni de sacs, de piolets et autres objets d'équipement alpestre. CESSOLE et quelques personnes gravirent le Corborant où ils déposèrent une boite de sommet dans le Montjoia, avant d’aller à la cime des Challanchas.
Ainsi se terminèrent trois jours de fête dont le programme s’était déroulé « merveilleusement » selon le rapport du C.A.F. L’année suivante, on compta par centaines les hôtes du refuge. La répercussion dans le public et la presse fut considérable (au moins douze magazines et journaux français et italiens). Cela ne démentit pas le souhait de « longue vie et prospérité au refuge » du chevalier de CESSOLE.
Avec le refuge Nice, il jouissait d’une valeur inestimable aux yeux du C.A.F.. tant pour les difficultés excessives éprouvées pour les bâtir que pour l’importance et la beauté des massifs dont ils facilitaient l’accès. Aussi étaient-ils constamment entretenus avec « un soin jaloux ». Lors de leur construction, CESSOLE et ses amis Lee BROSSÉ, PLENT, MAUBERT, VÉRANI … se rendaient sur place pour se rendre compte de l’avancement des travaux quand ils le pouvaient. [Michel Fulconis - Association l'Amont]


 

Institution :
1732 Académie du Val d'Entraunes
Fonds :
Fonds Japhet Robert
Mots-clés :
lac;
Mots-clés :
refuge;
Mots-clés :
piolet
Cote :
06120-IM-00922
Rédacteur :
Goracci, Serge, 1732 Académie du Val d'Entraunes
Bibliographie :
Fulconis, Michel. « La politique de construction des refuges au Club Alpins Français (A.M.) des origines aux années 1930 », Pays Vésubien, 4-2003, pp. 44-61
URL :
Amont - Montagne et Patrimoine