• Piste de l'ancien moulin à huile de Puget-Rostang. Cliché P. Thomassin
    Piste de l'ancien moulin à huile de Puget-Rostang. Cliché P. Thomassin

Moulin de Puget-Rostang



Type d'édifice :
moulins à farine ; moulins à huile
Nom français :
Moulin de Puget-Rostang
Description :
Fiche technique en 1865 
Prise d’eau : Ravin de la Mairola (canal du Plan)
Nombres de Paire de meules : 1
Vol. des eaux motrices : 60
Chute en eaux ordinaires : 7
Force brute en chev. Vap. : 5,6
Nature des roues : roue à cuillères
Force utilisée en en chev. Vap. : 1,4
Propriétaire : Féraud Eusèbe


Fiche technique en 1904
Nombres de paire de meules : 1
Force utilisée : eau
Rendement moyen d’un quintal  d’olives en  huile : 40 kg
Nombres de quintaux triturés pour la saison 1903-1904 : 45 qtx avec un pic d’activité égale aux mois de février (20 qtx), mars 1904 (25 qtx)
Propriétaire : Féraud Eusèbe

Fiche technique du moulin à huile (André Tiret)

-    un réservoir d’eau dont un pan, de maçonnerie apparaît au-dessus et à l’extérieur de la voûte.
-    un canal d’amenée dont on suppose qu’il suivait le mur extérieur du bâtiment et rentrait ensuite sous la voûte ; sa trompe apparente est taillée dans un bloc de pierre ;
-    un rouet ( turbine) de 1,94 m de diamètre, en bois de chêne, composé d’une couronne portant 40 cuillères fixées chacune par un tenon claveté
-    un fût tournant en bois cerclé (hypothèse) ;
-    un axe vertical tournant  traversant la piste dormante de broyage (section du trou 16 x16 cm), traversant la piste de broyage du grain et entraînant la meule tournante.

Cette description générale a pu être établie grâce aux vestiges restants : un tronçon d’un quart de cercle de la couronne (qui a permis de déterminer le diamètre du rouet), 6 cuillères en bois, très dégradées, et la trompe en pierre dont la sortie correspond exactement au point d’injection de l’eau sur le rouet.

 

Historique :
Puget-Rostang se situe sur un tertre, cela lui a valu son surnom de Podio. Il est encadré par deux vallons : le Riou d’Auvare qui dévale du Nord au Sud et la Mairola qui prend son départ au col du même nom à l’Est du village. Le moulin se situe en contrebas du village au confluent des deux torrents. Le débit de ces torrents est permanent, mais ils « menacent ruine » lorsque les précipitations sont violentes. Un affouagement de 1698 , relatif à ce sujet donne lieu à la première mention écrite concernant le moulin.

« La communauté prie MM. les Commissaires de faire réflexion sur l’abîme qui s’est fait dans le gravier qui vient d’Auvare à 200 pas du village et de voir qu’à la première pluie forte qu’il fasse, le dit torrent trouvant cette montagne de sable et de pierres dans son cours, il est infaillible qu’il emportera le pont et submergera le peu de terrain qui s’y trouve, mettant en danger le village et le moulin. »
 
En 1769, ce moulin n’est plus banal. La communauté a déjà racheté ses droits au seigneur du lieu . Il est vraisemblable que dans un premier temps, ce moulin ne fut qu’un moulin à farine (corps de bâtiment sud). Un « coup de sabre » dans la façade atteste qu’un nouveau corps de bâtiment a été construit au Nord.  Un «prix fait » établi le 5 mai 1770 confirme l’hypothèse :

« Par la présente, il a été convenu entre Jean Lombard maçon et Janot Lautard tous de ce lieu du Puget de Rostang, sossignés que le dit Lautard remet et cède au dit Lombard le prix fait du moulin à huille. La communauté de ce lieu avait passer la délivrance le 8 du mois d’avril dernier pour raison de quoy le dit Lautard met et subroge a lieu et place le dit Lombard qui s’oblige à faire le dit moulin et tout ce qu’il est contenu en la ditte délivrance et devis qu’il retirera de la communauté la somme de quatre cens livres montant du dit prix fait par la ditte délivrance et aux fermes énoncées en ycelle. »

L’alimentation en eau des deux moulins est assurée par deux canaux. Le premier, de 150 m de long prend sa prise dans le Riou d’Auvare. La pente du canal était de 3%. Le second, d’une longueur de 300 m environ est une dérivation de la Mairola. Le débit des deux torrents est très faible et un seul canal ne suffit pas à assurer le fonctionnement des moulins. Un réservoir, que les habitants, ont gardé coutume d’appeler « l’étang », bien aucuns d’entre eux ne l’ai vu, recueillait les eaux des deux canaux. Il se situait au niveau de la route, juste au-dessus du moulin. Des traces de concrétions aqueuses sont encore visible dans le mur d’assise  Est, sous la route.

Le meunier et les cultivateurs se partagent comme à l’accoutumer  l’usage des deux canaux.

«Toutes les eaux du vallon de Dine  et d’Auvare seront et appartiendront au moulin a bled appartenant à la communauté de cedit lieu, toutes les nuits et les particuliers jouiront des mêmes eaux, tant pendant le jour arroser leurs fonds, sauf et réservé les jours et heures auxquelles le seigneur de cedit lieu a droit de jouir des mêmes eaux pour l’irrigation du prat et verger.»

« Le meunier qui prendra lesdites eaux a ceux qui pendant le jour arroseront leurs possessions payera le ban de trente sols a chacun de ceux qui arrosoient et venant icelui a rompre le canal ou bealières auxquelles lesdits particuliers fairont passer lesdites eaux, il payera les dommages. »

« La même pénale de trente sols aura lieu en faveur du meunier, contre tous les particuliers qui a l’entrée de la nuit ne dériveront pas les eaux auxdits valons ou qui seront surpris arrosés, arrosent pendant la nuit. »

Il semble cependant qu’en cette fin de XVIIIème siècle le moulin connut plusieurs d’années d’inactivité . Le canal de Dine (vallon de la Mairola) est sujet à la rupture malgré les efforts répétés pour assurer son entretien. Le quartier des Fournès, accolé à l’Est du village est en effet géologiquement instable. Sur une section de 40 m les strates du Crétacé sont orientées dans le sens de la pente. Les précipitations violentes ne font qu’accélérer les glissements de terrain. En 1785, le Baron de St Sylvestre, Jean Joseph de Champoussin fait bâtir une muraille de soutien du canal de 4 toises de longueur sur une et demi de hauteur, (une toise = 1,949 cm soit environ 7,8 m de long / 2,9 m de hauteur). Mais l’année suivante « Dans la nuit du 30 avril dernier, une muraille en maçonnerie qu’avait fait réaliser depuis peu Messire Champoussin Baron de St Sylvestre pour soutenir un terrain arrosable, s’est écroulée. Elle a entraîné dans sa  chute le canal. » .


Tout au long du XIXème siècle, les corps de métiers vont se succéder pour assurer l’entretien et la réfection des pièces défectueuses du moulin. En 1802, Barnabé de Rigaud, menuisier de son état, fabrique un nouveau rouhet . L’année suivante, le maçon, Tranquille Boerÿ répare une section du canal du Riou d’Auvare alors couvert, pour éviter des curages réguliers . En 1807, la commune confie à un homme de « bras d’honneur » la taille d’une meule dormante, pour remplacer celle trop vétuste du moulin à blé. L’entrepreneur Jean Baptiste Charautin, de Guillaumes est chargé de la tâche. On envisage de la tailler au quartier de Léouvé, dans le terroir de La Croix, tout en soulignant les difficultés induites de son transport . Les chemins muletiers n’ont pas encore fait place aux routes «carrossables ». Bon an, mal an, durant cinquante jours environ les moulins communaux assurent leurs services, jusqu’en 1863. La commune, alors endettée, décide de les vendre à Eusèbe Féraud.


Les moulins fonctionnent encore en 1899. Mais le dépeuplement progressif du village conduit à leur abandon. Dans les années 30, les derniers cultivateurs sont contraints de mener moudre leur grain chez le meunier Marcel Aillaud à La Croix puis, lorsqu’il cessa son activité, au moulin de Scaffarels non loin d’Annot. Avec le renouveau du village, dans les années 60, les moulins se transforment en résidence. La chute d’eau cylindrique est habillée d’une petite tour quadrangulaire, les étages sont surélevés. Seuls des morceaux de meules et quelques pièces de bois (rouhet et cuillères) témoignent encore de cette activité « industrielle » à Puget-Rostang. Quant à la piste à huile, présente à l’extérieur, si elle a appartenu au moulin à huile, ce n’est qu’à partir de 1864, la date visible sur la tranche en seule lumière rasante en témoigne.
 

 

Période création exécution :

Mots-clés :
moulin;
Mots-clés :
moulin à farine;
Mots-clés :
moulin à huile;
Mots-clés :
Alpes-Maritimes
Propriétaire :
propriété privée
Site protégé :
non
Modalités de visite :
non visitable
Institutions

Cote :
06098-ARC-00002
Rédacteur :
Thomassin, Philippe, Roudoule, écomusée en terre gavotte
Bibliographie :
Thomassin, Philippe, Geist Henri, Tiret, André, Le moulin de Puget-Rostang, dans Au fil de l'eau, édition, Ecomusée du Pays de la Roudoule, Puget-Rostang, 2001, pp.82-87.


Archives départementales des Alpes-Maritimes
7S152 - Etat statistique des irrigations et des usines Département des A.-M.  7 déc 1865.
07S155 - Statistique des forces motrices hydrauliques du  canton de Puget-Théniers février 1899.
6M1084 - Plan départemental de ravitaillement, Etude sur les établissements industriels et sur les transformations, moulins à huile, arrondissement de Puget-Théniers, 1903-1904
E 044 3M1- Moulin de Puget-Rostang. 1806, le 28 avril (taille de la meule : 1, 625 de diamètre 325 mm d’épaisseur).
E044 3M4 - Aliénation du moulin et vente au sieur Féraud Eusèbe en 1863 encore propriétaire en 1904.
Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence
CC 29 / CC 31- Affouagement de 1698.

Sclaffert Thérèse, Cultures en Haute-Provence au Moyen-Age, SEVPEN, Paris 1959.



 


Lieu lié
Puget-Rostang (06) (Lieu de provenance)